Cahier de recherche no 2018-16

Les Québécois sont-ils satisfaits des services publics? Bulletin et analyse

Antoine Genest-Grégoire, Luc Godbout et Jean-Herman Guay

Les débats à propos de la taille de l’État sont au cœur des échanges politiques au Québec comme ailleurs. Le Québec présente un État de grande taille par rapport à ses voisins nord-américains et qui ressemble plus à ceux des pays d’Europe. Plusieurs études de la Chaire se sont penchées sur les sources du financement de l’État québécois, en cherchant à comprendre la perception et la compréhension des citoyens en lien avec la fiscalité. Cette étude vise à compléter ce portrait en se penchant sur l’autre visage de l’État québécois, celui des services qu’il offre en contrepartie de cette fiscalité. À l’aide d’un sondage, nous avons cherché à mesurer la satisfaction des québécois à l’égard des principaux services publics et à discerner les facteurs qui influencent cette satisfaction.

Les Québécois présentent généralement un niveau d’appréciation faiblement positif des services publics, la note moyenne qu’ils donnent à l’ensemble des services étant de 5,8 sur une échelle de 10 points. Les services qu’ils semblent apprécier le plus sont les infrastructures de loisirs, tels que les parcs ou les bibliothèques, les institutions d’enseignement supérieur et les garderies. À l’opposé, les services pour lesquels la satisfaction exprimée est la plus faible sont les routes, les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) et les hôpitaux.

Contrairement à ce qu’observent d’autres chercheurs, l’analyse n’identifie pas de facteurs individuels qui sont associés à une satisfaction plus ou moins élevée, à l’exception du fait d’être retraité. Elle n’observe pas de différences systématiques dans l’appréciation des services en fonction du genre, de l’âge, du revenu ou de la parentalité. De plus, il n’y a pas de différences d’importance de satisfaction entre les personnes n’ayant pas de contact avec un service et celles dont un membre de la famille a fait usage dans la dernière année. Par contre, il est possible d’observer une relation significative entre le fait d’appuyer le parti politique au pouvoir au moment du sondage et l’appréciation des services. Une relation significative est également négativement associée au fait de considérer les fonds publics comme mal gérés et au fait de considérer ses impôts comme trop élevés. L’utilisation de variations dans l’ordre des questions permet également de constater que les répondants semblent adopter une approche budgétaire face à l’État : ils considèrent d’abord les services offerts et évaluent ensuite le niveau des impôts en conséquence.

Nos résultats montrent que les Québécois ont une évaluation assez consensuelle de la qualité des services publics. Elle varie principalement selon des considérations générales à l’égard du gouvernement, comme l’appréciation de sa gestion, le parti au pouvoir ou le niveau perçu des impôts, plutôt que sur les caractéristiques individuelles des citoyens.

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