Cahier de recherche no 2018-05

Entre fiscalité et gestion des fonds publics, mieux comprendre les attentes fiscales des Québécois

Antoine Genest-Grégoire, Jean-Herman Guay et Luc Godbout

La campagne électorale québécoise approche à grands pas et les partis formulent déjà diverses propositions. Un des sujets qui agitent cette précampagne concerne les choix entre réinvestir dans les services publics et réduire les impôts. Les études par sondage de la Chaire menées en 2005 et en 2011 indiquaient qu’une nette majorité des Québécois et Québécoises souhaitait voir leur fardeau fiscal s’alléger. Ces résultats n’étaient pas en eux-mêmes surprenants; d’autres chercheurs sont arrivés au même constat. Toutefois, d’autres enquêtes montrent que les Québécois réagissent mal à une diminution des services gouvernementaux. Lorsqu’on cible des enjeux en éducation ou en santé, ils demandent souvent un accroissement des services.

Cette situation paradoxale, que certains résument essentiellement à vouloir « le beurre et l’argent du beurre », conduit à la conclusion suivante: les Québécois seraient incohérents dans leurs demandes. Cette dissonance des demandes a fait l’objet de plusieurs recherches par le passé, mais très peu au Québec. Le présent cahier de recherche se penche donc sur ce paradoxe dans une perspective québécoise.

À l’aide de données de sondage colligées au début de 2018, l’étude montre que le désir de payer moins d’impôt n’est pas uniforme dans la population : il tend à être plus important chez ceux qui en paient généralement le plus, tels que les personnes plus riches, celles qui n’ont pas d’enfants ou celles qui sont en milieu de vie ou de carrière. La perception de mauvaise gestion de l’État est elle aussi associée à une plus forte tendance à se trouver trop imposé. Finalement, cette perception de mauvaise gestion générale s’appuie sur des perceptions plus spécifiques quant à la corruption, l’évitement ou l’évasion fiscale et les dépenses inutiles ainsi que sur l’appui des Québécois au parti au pouvoir.

En posant une batterie inédite de questions sur la gestion des fonds publics, des plus générales aux plus spécifiques, une conclusion s’est imposée : les Québécois n’apparaissent pas incohérents. L’opinion qu’ils ont quant à la qualité de la gestion des fonds publics dicte l’opinion qu’ils ont quant au poids des impôts. Conséquemment, à leurs yeux, si l’État améliorait la gestion des fonds publics, les citoyens pourraient payer moins d’impôts pour un même panier de services.

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