Regard CFFP no 2021-12
Une décennie de croissance de l’endettement des provinces : qu’en est-il du Québec ?
Louis Lévesque avec la collaboration de Jérémy Prud’homme et Cassie Vidal
Résumé
Avant même la pandémie, l’endettement de l’ensemble des provinces canadiennes, mesuré par la dette nette, avait déjà atteint à la fin de 2019-2020 un niveau sans précédent d’environ 30 % du PIB. Contrairement à la dette fédérale qui était largement retombée à son niveau d’avant la crise financière de 2008 en pourcentage du PIB, la dette globale des provinces augmente constamment depuis près de 15 ans. La croissance des dépenses en santé des provinces plus rapide que celle de leurs revenus totaux (incluant les transferts fédéraux) constitue le plus important facteur expliquant cette divergence. Le réinvestissement dans les infrastructures observé dans l’ensemble des provinces depuis 2005 et la baisse des prix du pétrole depuis 2014 affectant principalement Terre-Neuve-et-Labrador et l’Alberta ont aussi contribué à l’augmentation de la dette nette des provinces avant la pandémie.
Le Québec a réussi à faire exception à cette tendance grâce à ses efforts pour rétablir l’équilibre budgétaire et aux versements au Fonds des générations. À la fin 2019, ces efforts ont réussi à ramener la dette nette par habitant assez près de la moyenne des provinces, mais la dette en pourcentage du PIB demeure plus élevée en raison de l’écart de richesse.
Depuis mars 2020, le choc fiscal associé à la pandémie est venu s’ajouter aux pressions déjà existantes et poussé la dette des provinces davantage à la hausse en 2020 et 2021. Les prix du pétrole se sont raffermis depuis le creux atteint au début de la pandémie, mais les pressions sur la dette des provinces reliées à la croissance des dépenses de santé et au réinvestissement en infrastructure vont continuer dans les prochaines années. Il est aussi probable qu’une partie des dépenses engagées dans le cadre de la pandémie devienne récurrente, notamment pour corriger les déficiences identifiées dans la livraison des soins de longue durée. Finalement, les nouvelles initiatives fédérales à frais partagés nécessiteront un financement corollaire des provinces qui s’ajoutera aux pressions à la hausse sur leur dette.