Cahier de recherche no 2021-04

Austérité : d’un concept flou à la réalité québécoise

Yves St-Maurice, Luc Godbout, Julie S. Gosselin et Suzie St-Cerny

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Résumé

Les récessions ou les ralentissements économiques se reflètent immanquablement sur les finances publiques. Pour améliorer leur situation financière suivant ces périodes, les gouvernements peuvent vouloir agir du côté des revenus ou du côté des dépenses. De ces gestes découlent régulièrement des critiques dénonçant la mise en place d’une politique d’austérité.

La présente étude tente de baliser ce que le terme « austérité » signifie lorsqu’il est appliqué aux finances publiques du Québec. Et ce, non pas pour alimenter un débat sémantique, mais plutôt pour encourager une utilisation plus éclairée, si cela est possible.

Strictement, un gouvernement appliquerait une politique d’austérité lorsque, en dehors des éléments économiques conjoncturels, il entreprend un effort discrétionnaire d’assainissement budgétaire ayant pour effet de rétablir progressivement l’équilibre budgétaire et de stabiliser la dette. Il ressort de cette définition que, pour bien mesurer les effets des politiques fiscales et budgétaires, il faut pouvoir distinguer les effets provoqués par les politiques discrétionnaires des effets induits par les fluctuations économiques.

Des approches pour identifier des périodes d’austérité sont documentées et testées et ont permis d’identifier des périodes d’austérité au Québec; les plus importantes ont eu lieu en 1982, 1987, et de 1995 à 1997. Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus par d’autres et sont corroborés par l’analyse qualitative des documents budgétaires. Des indicateurs complémentaires sont également évalués pour une analyse plus fine, ce qui a permis d’ajouter l’année 2015 comme année d’austérité. En définitive, il ressort de l’analyse que la détermination des périodes d’austérité repose sur plusieurs éléments qui doivent converger vers une même conclusion.

Le cahier de recherche présente également une analyse prospective. À partir des données du Point sur la situation économique et financière de novembre 2020, on constate que l’impulsion budgétaire sera positive ou près de zéro pour les trois prochaines années, limitant d’autant les risques de voir surgir de l’austérité pour cette période. Ce résultat est confirmé par l’analyse des indicateurs complémentaires, et sachant que les annonces gouvernementales incluent un plan de relance, on pouvait s’y attendre.

L’étude apporte plusieurs nuances aux analyses permettant l’identification de périodes d’austérité et offre un meilleur éclairage à ce concept. Cela dit, il demeure difficile de ressortir de manière précise le degré de changement requis afin de trancher nettement dans un sens ou dans l’autre. Cependant, il est possible d’espérer que les balises exposées contribueront à faire en sorte que les utilisateurs de l’expression « austérité » précisent davantage leur pensée lorsqu’ils l’emploient.

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